Agilité et Mindfulness : la valeur du moment présent

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Agilité et Mindfulness : la valeur du moment présent

Voici un billet un peu décalé auquel je pense depuis un moment et que j’ai eu du mal à formaliser tellement il me semble à la fois évident et pourtant décalé. Il ne s’agit pas de décrire ce qu’est l’agilité, beaucoup le font bien mieux que moi, ni ce qu’est la pleine conscience (je n’en suis pas non plus spécialiste) mais plutôt le lien que j’observe entre les deux.

Comme beaucoup d’entre nous, j’ai une vie assez chargée, je trouve qu’une journée de 24h ne suffit pas à couvrir tout ce que je voudrais faire et j’en ressens souvent une certaine insatisfaction.

C’est une chance de ne pas s’ennuyer, d’avoir une vie professionnelle et personnelle riches et d’avoir toujours la curiosité de m’intéresser à beaucoup de sujets mais le travers est que cela génère de la frustration et une certaine charge mentale (le cerveau ressasse ce qui n’est pas fait et qui devrait l’être et passe son temps à faire des listes). Et au final, il y a une importante perte d’énergie puisque le cerveau utilise ses capacités pour traiter ce qui n’est pas traitable au lieu de se concentrer sur ce qui est important.

J’ai donc cherché une solution à ce phénomène et j’ai trouvé des méthodes et des astuces qui permettent d’éliminer une partie de ce qui peut parasiter notre pensée (j’en ferai peut être un article spécifique). Et je me suis intéressée à la méditation en pleine conscience (ou mindfulness) afin de comprendre en quoi le fait de vivre le moment présent pouvait permettre un changement de mindset.

La vie étant rarement faite de hasards, j’ai eu la chance de suivre une formation sur l’agilité. Mes craintes étaient que la session se concentre uniquement sur les aspects techniques et les outils et j’ai eu l’agréable surprise de suivre durant ces jours des échanges passionnants traitant du fond du sujet. Pourquoi ? Quel est le sens ? Sur quoi nous engageons-nous ? Quelle est la valeur produite ? Toutes ces questions étaient purement liées à nos vies professionnelles et pourtant j’ai très vite fait des connexions avec le mindfulness et j’y ai vu une certaine universalité dans la recherche du sens.

 

Voici donc en quelques points les parallèles que j’ai pu noter :

 

 

Se concentrer sur ce qui a de la valeur maintenant

L’agilité est une façon itérative de produire un livrable de façon itérative (1 itération = 1 sprint). Chaque itération permet de monter une marche de l’escalier puisqu’elle est l’occasion de livrer quelque chose d’abouti, de qualité et de stable. Pour arriver à cela, il faut donc se demander ce que l’on va produire à chaque sprint. 

Et c’est là que le lien avec la pleine conscience se tisse car la réponse tient à la question « Qu’est-ce qui est important aujourd’hui? Qu’est-ce qui produit le plus de valeur pour le client ? » .

Parmi la liste de toutes les fonctionnalités que l’on pourrait développer, on doit donc s’astreindre à challenger, prioriser et faire un choix. Et une fois le choix réalisé, on inscrit la liste des évolutions non retenues dans un backlog et on se concentre sur le use case retenu.

Cela a deux grandes vertus :

  • une fois le choix de priorisation fait, on s’affranchit de la charge mentale puisque ce qui n’est pas retenu pour le sprint est consigné et on y reviendra plus tard. On peut donc ne plus y penser de façon confortable
  • ce qui est retenu doit occuper toute notre attention.

Le mindfulness nous rappelle qu’il ne sert à rien de surcharger notre esprit aussi bien pour ressasser ou pour anticiper (et si ? et si ?) car le passé n’existe plus et le futur n’existe pas encore. Alors concentrons-nous sur le moment présent et restons pleinement là pour l’accueillir et le savourer en étant ancré et en mobilisant toutes nos capacités.

Laisser la place pour accueillir l’imprévisible

Les pratiques agiles sont tout à fait adaptées à l’empirisme : on apprend par l’expérimentation, on avance pas à pas et on ne sait pas où cela nous mènera. Cela est très pertinent dans notre environnement concurrentiel où de nouveaux usages peuvent apparaître de manière imprévisible. Le découpage en sprints est donc judicieux car il permet de s’ajuster comme du sur mesure au besoin du moment. Nous avons tous connu le scénario du logiciel qui a mis plusieurs années à être développé et qui au final ne correspondait plus aux attentes des utilisateurs au moment où il a été mis en service.

La méditation en pleine conscience permet quant à elle d’accueillir l’imprévu de façon sereine et sans jugement. On ne se projette pas dans un scénario catastrophiste, on se dit qu’il y a un sens à cet événement et qu’on découvrira plus tard ce que cela a apporté.

Il n’y a pas de fin

Fini le cycle en V, les dates connues de début et de fin du projet avec toutes les échéances planifiées à l’avance. L’expérience a montré que les projets informatiques connaissent des aléas et qu’on respecte rarement les plannings et les coûts initiaux et que le fait de se contorsionner pour rester dans les prévisions n’apporte pas de valeur pour le projet.

C’est un peu comme quand on roule à vélo. On sait où on veut aller mais on peut difficilement prévoir où vont se trouver les obstacles, qu’un chat va traverser la roue au 4e kilomètre. Et bien pire que cela, le fait de se demander constamment si tout est ok à chaque coup de pédale va irrémédiablement entraîner la chute.<br />

Dans une logique de produit, et non plus de projet, on est dans une démarche empirique qui consiste à produire un peu plus de valeur à chaque itération sans en connaître la fin car tant que le produit est utilisé, il vit et répond à de nouveaux usages. Pensez à votre messagerie Gmail ou votre application Linkedin. Elles ont évolué progressivement pour ne pas vous brusquer, pour constamment s’ajuster à vos besoins et également pour intégrer des évolutions technologiques.

La méditation est l’affaire de toute une vie et bien plus encore. C’est une quête infinie qui permet d’aller toujours un peu plus loin mais jamais au bout et c’est très bien ainsi.

Revoir ses connexions neuronales

L’agilité est une véritable gymnastique qui rebat les cartes car il faut s’affranchir des idées préconçues pour avoir la fraicheur de se remettre en question à chaque sprint.

« Et si ce que je pensais être prioritaire ne l’est plus ? » « Et si la priorité était à quelque chose que je n’ai pas vu venir ? »

De nombreuses recherches ont prouvé que la méditation permet de construire de nouvelles constructions neuronales.

On peut apprendre à ne pas juger, à être bienveillants et même à ressentir du bonheur !

La tendance venue de la Sillicon Valley d’offrir des espaces de méditation à ses employés peut être vue comme une mode. Mais quand on pense aux sollicitations extrêmes que les développeurs rencontrent au quotidien (car les notifications de nos applications personnelles, de notre messagerie professionnelle, des réseaux sociaux d’entreprise, les relances pour les réunions sont pour moi des sollicitations extrêmes quand on les additionne), on peut légitimement penser qu’il faut un mental entraîné pour exercer l’essence même de son métier de façon optimale !

Quelques tips

Je vous partage quelques tips qui fonctionnent pour moi, peut être vous seront-ils utiles.

  • Réaliser une to-do list hebdomadaire : chaque début de semaine, je délimite sur une page de mon carnet 2 colonnes distinctes : à gauche le perso et à droite le pro.

J’inscris tout ce que j’ai à faire dans ces 2 catégories. Cela peut aller d’un document à poster à un livrable à produire. Et lorsque je m’attelle à une tâche, j’essaie autant que possible de la finaliser et je barre. C’est tellement jouissif de barrer la tâche réalisée que je n’utilise du papier que pour cela!

J’utilise également un tableau Kanban avec des magnets contenant mes tâches et des appréciations (des smileys ou des flèches colorées) que je fais avancer.

  • en cas de situation difficile à gérer, j’essaie de prendre un peu de recul et me demander si ce problème sera encore un problème dans 15 jours, et dans un mois?
Leila Boulahsen

lboulahsen@gmail.com

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